Mon chien est têtu ! Vraiment ?
Votre chien préfère sentir les odeurs plutôt que revenir au rappel ? Vous devez lui demander 5 fois « assis » avant qu’il ne s’exécute ? Il retourne toujours mâchouiller le canapé alors que vous lui signifiez votre désaccord à chaque fois ? Il se couche seulement si vous avez une friandise dans la main ?
Et bien rassurez-vous, le chien têtu n’existe pas ! En adoptant de meilleurs comportements pour guider votre chien vers la réussite, vous parviendrez à ce qu’il vous écoute du premier coup et qu’il ne reproduise plus 50 fois les mauvais comportements !
Le chien, un animal opportuniste
Le chien est un animal opportuniste, il y a deux raisons principales pour lesquelles il écoute ce qu’on lui demande :
Parce qu’il y gagne quelque chose d’agréable. Par exemple : revenir au rappel dans l’espoir d’obtenir une friandise, s’asseoir pour qu’on lui ouvre la porte, marcher au pied pour avoir son jouet, etc.
Parce qu’il veut éviter quelque chose de désagréable. Par exemple : une saccade sur le collier s’il tire, une décharge électrique s’il ne revient pas au rappel, une main qui appuie sur son dos s’il ne s’assoit pas, etc.
En méthodes bienveillantes, le but est que le chien écoute parce qu’il est motivé !
Oubliez les cris, saccades sur le collier, tapes et autres méthodes coercitives. Ces dernières vous donneront l’impression que votre chien obéit, mais une fois sans laisse il ne sera plus sous votre emprise et il n’aura donc aucun intérêt à revenir vous voir et interagir avec vous. De plus, ces méthodes brisent la relation entre le chien et son humain. Vous voulez un meilleur ami, pas un esclave ! 😉
Motivation !
Pour avoir un chien qui écoute facilement et rapidement, il est important de lister tout ce qu’il aime afin de pouvoir le renforcer pour ses bonnes actions !
Les récompenses peuvent être très variées :
- Jouets (bâton, frisbee, balle, pouic-pouic, Kong, peluches…)
- Jeux (partie de tug, course poursuite, « bagarre »…)
- Alimentaires (friandises pour chiens, viande, fromage, croquettes, pâté de foie…)
- Environnementales (rencontrer un congénère, ouvrir une porte vers l’extérieur, aller se baigner, sentir des odeurs…)
- Sociales (caresses, sourire, voix enjouée, rencontre avec un congénère…)
La récompense à utiliser va dépendre de l’instant T.
Si votre chien vient tout juste de finir sa ration de nourriture, il y a peu de chance qu’il soit motivé par une croquette en guise de récompense !
Si vous êtes au parc et que votre chien n’a pas vu de congénères depuis plusieurs jours, il préférera certainement avoir l’autorisation d’aller dire bonjour aux autres chiens en récompense d’un bon comportement, plutôt que de recevoir une caresse !
S’il fait 25° et que vous êtes en promenade avec votre chien depuis 30 minutes, l’eau en guise de récompense pour le rappel va probablement être un super renforçateur !
Il faut également garder à l’esprit que quelque chose peut être une super récompense pour un chien, et un calvaire pour un autre chien.
Prenons pour exemple la caresse sur la tête. Régulièrement, je rencontre des personnes en clientèle qui caressent leurs chiens pour les récompenser, et souvent, le chien fait un écart pour éviter la caresse ou s’éloigner.
Cela donne des chiens qui s’arrêtent à 2 mètres de leurs humains quand ils sont rappelés, voire même des chiens qui ne reviennent plus et qui ne veulent plus écouter. Dans ce contexte, la caresse est devenue une punition, le chien veut l’éviter à tout prix !
Ça n’empêche pas ces mêmes chiens d’aimer les caresses dans d’autres contextes (quand ils sont posés tranquillement à la maison contre leurs humains, par exemple…).
Faites le test : faites une seule caresse à votre chien et voyez comment il réagit ! Il revient chercher votre main ? Il esquive ?
Assis, assis, assis, assis, assis…
Vous demandez « assis », vous attendez une demi-seconde avant de répéter « assis » puis « assis » puis « assis ». Votre chien finit par s’asseoir.
Etant donné que la demande est répétée de nombreuses fois, le chien ne connait pas le mot « assis » mais « assisassisassisassis ». Lorsqu’il n’entend qu’une seule fois « assis », c’est comme une demande mal formulée, incomplète, alors il attend la suite habituelle ! Quoi de plus normal ?
Pour rectifier cela, apprenez à demander une seule fois. Patientez quelques secondes. Si votre chien ne produit pas le comportement attendu, ne répétez pas, faites le geste en rapport avec le comportement souhaité !
Ce qui devrait donner : « assis », puis silence de 4-5 secondes, puis geste-clé du « assis », et félicitations/récompenses lorsque le chien s’assoit.
En pratiquant ainsi, votre chien finira par s’asseoir rapidement et du premier coup lorsque vous lui demanderez ! C’est la même chose pour n’importe quel autre apprentissage !
Soyez cohérents !
Votre chien est en train de manger une crotte de chat à 50 mètres de vous, vous lui dites « tu laisses » alors qu’il n’y a jamais eu aucun apprentissage sur cet éducatif. Verdict : ça ne marchera pas, votre « tu laisses » ne sera rien de plus qu’un bruit de fond !!
Les apprentissages doivent être progressifs, on ne peut pas commencer directement à une étape difficile (et donc impossible à réaliser pour le chien !).
Plus vous allez demander à votre chien des choses qu’il n’est pas (encore) capable de faire, moins il vous écoutera.
Un autre exemple… Vous débutez l’apprentissage du rappel avec votre chien. Vous commencez à la maison, tout se passe bien, votre chien revient à 100% de vos rappels.
Une heure plus tard, vous décidez donc de tester votre rappel en liberté au milieu d’un parc, en présence de gens et de chiens !
Que va-t-il se passer ? Votre chien n’est pas prêt pour cette étape, il aurait fallu faire des étapes intermédiaires. Il va peut-être vous entendre, mais il y a très peu de chance qu’il revienne. Vos 100% de réussite vont s’envoler, votre chien va tout simplement apprendre à ne pas répondre au rappel. Et vous obtiendrez un signal brouillon, qui veut dire « reviens si tu veux/peux ». Ce n’est pas ce qui est attendu d’un rappel : dans certaines situations, nous avons besoin que le chien revienne tout de suite, pour sa sécurité et celles des autres !
Pour éviter cela : ne demandez jamais à votre chien quelque chose que vous savez qu’il ne fera pas !
Créez l’apprentissage étape par étape, en faisant toujours en sorte d’être le plus proche possible des 100% de réussite !
Gestion des friandises et autres renforçateurs
L’utilisation des friandises ne doit pas se faire n’importe comment ! Sinon, votre chien risque d’écouter uniquement lorsque vous en avez dans la main…
Lorsque vous débutez un apprentissage qui nécessite de leurrer votre chien (tel que assis, couché, tourne, pan t’es mort…), vous avez une friandise dans la main. Une fois que le mouvement est compris, il faut vous débarrasser le plus rapidement possible du leurre !
Vous allez pouvoir continuer à faire exactement le même geste, mais sans friandise dans la main ! Une fois que votre chien a terminé de faire le comportement attendu : vous faites apparaître la friandise et vous lui donnez !
Ici, ce n’est plus la friandise qui engendre le comportement, mais l’inverse !
Si par contre, vous vous débarrassez du leurre et que vous ne donnez rien du tout une fois que votre chien produit le bon comportement, vous lui apprenez : « si j’ai une friandise dans la main, tu l’auras. Si je n’ai rien, n’espère rien ! ». C’est précisément ce qu’on ne veut pas !
Faites des surprises à vos chiens, donnez-leur des choses inattendues une fois qu’ils ont fait le comportement demandé ! C’est ce qui va les motiver à vous écouter, avec toujours l’espoir d’obtenir quelque chose derrière (le chien est un opportuniste, rappelez-vous !).
Variez vos renforçateurs. Ça peut être de la nourriture, du jeu, des récompenses environnementales, sociales, etc. L’important est de garder à l’esprit que c’est quelque chose qui doit réellement faire plaisir à votre chien, pour renforcer son bon comportement !
Guider vers les bons comportements
Votre chien a besoin d’utiliser ses dents (mordiller, déchiqueter), il s’attaque alors au canapé. Vous le grondez, puis il y retourne 5 minutes plus tard. Pourquoi ?
En le grondant, vous stoppez le comportement sur le moment mais le besoin de mordiller est toujours bien présent, et votre chien ne sait pas ce qu’il peut faire à la place ! Alors soit il va retourner inlassablement mordiller le canapé, soit il va apprendre à le faire seulement quand vous ne le surveillez pas (pour ne pas se faire gronder !). Ce n’est vraiment pas le but recherché…
Il va alors être important de guider votre chien, de lui montrer ce qu’il est possible de faire à la place ! Il mordille le canapé ? On le redirige sur un de ses jouets qui se rapproche de la texture du canapé, et on le félicite quand il le mâchouille ! Il comprendra alors qu’il peut combler ce besoin, mais uniquement sur ses jouets !
Rien ne sert de s’énerver, de gronder, de punir… Vous avez simplement besoin de montrer à votre chien ce qu’il peut faire à la place de chaque comportement qui ne vous convient pas ! C’est ce qui permettra d’ancrer durablement les bonnes habitudes !
S’assurer que le chien est physiquement apte à faire ce qu’on lui demande
Parfois, des douleurs empêchent les chiens d’écouter nos demandes. Un chien qui a mal au dos aura du mal à s’asseoir. Un chien qui a de l’arthrose ne pourra pas sauter une barre d’un mètre. Un chien vieillissant qui devient sourd ne pourra plus répondre à vos demandes verbales et aura besoin de vos gestes pour comprendre…
Vérifiez la santé de vos chiens, faites des check-up vétérinaire et ostéopathe quelques fois par an !
Alors, oubliez cette étiquette de « chien têtu » ! Changez vos propres comportements envers vos chiens, et c’est seulement ainsi que vos chiens auront envie de vous écouter, d’être attentifs à vos demandes et d’interagir avec vous ! 😄
Eloïse - Connexion Canine